Du rêve au possible, atelier 5
Un diagnostic par le bas, c’est partir de la parole de celles et ceux qui vivent et traversent un territoire, plutôt que d’une expertise descendante. C’est une manière de regarder un quartier à hauteur d’habitants, en mettant en commun les perceptions, les inquiétudes, les idées et les rêves, pour en dégager des enjeux partagés et des pistes d’action.
À Battant, cette démarche a pris corps en 2024 grâce à la rencontre entre plusieurs dynamiques locales : le Tiers-Lieu Le 97, qui a offert un cadre ouvert de coopération ; la CPTS (Communauté Professionnelle Territoriale de Santé), à travers son médiateur de santé présent dans le quartier, qui a apporté un ancrage concret dans la vie quotidienne ; et l’apport d’un universitaire géographe, qui a permis de donner une méthode et une rigueur à ce travail collectif.
De cette alliance est née une expérience d’intelligence collective : un cycle d’ateliers successifs, où se croisent habitants, commerçants, associations, services, élus et usagers, chacun venant avec son rôle, ses savoirs et ses possibles.
Mardi 16 septembre 2025, une douzaine de participants se sont retrouvés au Tiers-Lieu Le 97 pour la cinquième étape du diagnostic par le bas du quartier Battant. Depuis un an, habitants, commerçants, associations, chercheurs, élus, usagers et curieux prennent le temps de se rencontrer, d’échanger et de croiser leurs regards pour comprendre ce qui va bien dans le quartier, ce qui pose problème, et surtout ce qui pourrait évoluer.
Une démarche collective au long cours
Les quatre premiers ateliers ont permis de dresser un état des lieux, de nommer ensemble des enjeux partagés : sécurité piétonne, salubrité et propreté, lien social, tranquillité publique, communication entre habitants et associations, occupation des espaces et des commerces, nature en ville, santé mentale…
Ce travail patient a donné naissance à une synthèse vivante des préoccupations et des envies du quartier. L’atelier 5 avait pour objectif d’entrer dans une nouvelle phase : transformer ces enjeux en actions concrètes, pragmatiques et immédiatement mobilisables.
Le déroulé effectif de l’atelier
La méthode prévoyait un cheminement en cinq étapes. Dans les faits, l’atelier s’est concentré sur deux moments principaux :
- Le geste simple : chacun a écrit sur une nappe un petit geste qu’il pourrait poser dès demain, depuis sa place dans le quartier. Voici ceux qui ont émergé :
- Demander à mon voisin comment il se sent et l’écouter
- Soutenir les initiatives créant du lien social
- Donner les infos à toutes les personnes que je pense intéressées
- Répondre aux attentes des habitant·es en matière d’expression artistique par le biais de la galerie B
- Créer un moment convivial le dimanche matin autour du marché et du bar avec un plat du jour
- Parler du quartier en positif
- Échanger avec un acteur du quartier
- Réhumaniser les échanges avec les itinérants et les itinérantes
- La mise en commun par fiches actions : les participants se sont ensuite répartis par petits groupes autour d’enjeux choisis. Chaque groupe a noté ses propositions d’actions sur une fiche, puis les a partagées avec le collectif. Cela a permis d’amorcer une « carte des possibles », même si les étapes de croisement des forces et d’engagement individuel n’ont pas pu être réalisées dans le temps imparti.
Des actions concrètes proposées
Voici les propositions qui ont été partagées :
- Sécurité piétonne : organiser des sensibilisations pour les enfants aux risques liés aux déplacements à pied. Concrètement : créer de petits tableaux pédagogiques, intervenir sur des lieux sensibles (comme la rue de la Madeleine où la vitesse et la pente posent problème). Les ateliers pourraient être menés en périscolaire, par groupes de dix enfants, avec des animateurs à identifier.
- Lien social : mettre en place un bal populaire, ouvert à toutes et tous, en extérieur avec une buvette. Le projet pourrait être coordonné avec un événement déjà existant ou associé à l’inauguration de la salle Battant. Une Déclaration Préalable de Réunion Publique (DPRU) serait nécessaire.
- Communication : relancer et remplir le site internet quartierbattant.fr pour donner de la visibilité aux initiatives locales. En parallèle, créer un crieur public, incarné par un comédien, le dimanche matin sur la place du marché, à l’image du Crieur de la Croix-Rousse.
- Réinvestir l’espace public : instaurer un repas convivial le dimanche matin au bas de la rue Battant. Ce rendez-vous pourrait être hebdomadaire ou mensuel (chaque premier dimanche). Il nécessiterait une autorisation de la mairie et l’appui des restaurateurs locaux.
- Tranquillité publique : élaborer une charte éthique locale pour accompagner commerces et lieux publics, afin d’éviter les logiques d’uberisation et renforcer la convivialité.
- Propreté et salubrité : implanter des toilettes publiques au clos Barbizier, à proximité du jardin partagé et des parcs de jeux pour enfants.
Des enjeux encore à travailler
Si plusieurs enjeux ont déjà donné lieu à des propositions d’actions, d’autres restent encore à explorer collectivement. Ils concernent des dimensions sensibles et structurantes de la vie du quartier :
- la question sanitaire, en particulier les jeunes et les usages de drogue,
- la prévention et la réaction face aux violences,
- l’écoute des plaintes des habitants et des commerçants,
- la mobilité et l’attractivité commerciale,
- la création d’espaces pour les enfants,
- l’intégration du quartier dans le centre-ville,
- et la prise en compte de la santé mentale.
Ces thèmes feront l’objet d’un travail ultérieur, afin que le diagnostic par le bas puisse continuer à élargir la discussion et produire des pistes d’action partagées.
Ce qui ressort de la soirée
Au-delà des propositions, plusieurs ressentis ont été exprimés : la frustration liée à la faible participation, la difficulté d’impliquer davantage les habitant·es, la crainte d’un cloisonnement entre associations et Ville, mais aussi la découverte de la pertinence des enjeux partagés et l’envie de continuer la réflexion.
Et maintenant ?
L’atelier 5 a permis de poser les premières fiches actions en lien direct avec les enjeux travaillés, et de faire émerger des gestes simples, accessibles à chacun.
La suite passera par :
- compléter ce travail avec les enjeux non traités,
- croiser les actions pour voir où des coopérations peuvent naître,
- et permettre à chacun de s’engager, à son rythme, selon son rôle.
- continuer la veille territoriale avec la carte A0 du quartier diponible au Tiers-lieu “le 97”
Le diagnostic par le bas continue : comme un répertoire d’initiatives en germes et une expérience d’intelligence collective au service du quartier Battant.
Pour découvrir les étapes précédentes, voici les précédents articles de blogs :
Pour suivre l’ensemble des évènements du parcours
Le diagnostic par le bas – Quartier Battant se construit pas à pas :
- Étape 1 – Carto Bousbots, Quartier Battant
- Étape 2 – Acteurs Bousbots, graphe causal & cartographie Battant
- Étape 3 – Diagnostic participatif
- Étape 4 – Diagnostic participatif
- Étape 5 – Du rêve au possible
📍 Prochain rendez-vous : à suivre bientôt sur les évènements du 97.