Retour sur les Apéros Politiques du 97 : Santé, solidarité et intégration

Apéro Politique du 97 — Séance du 8 mai 2025 : Santé, solidarité et intégration


Introduction

👉 Apéros Politiques du 97 : Histoire et méthode


Cadre d’échange

Cette rencontre, organisée au Tiers-Lieu Le 97 à Besançon, s’inscrit dans un cycle de huit rendez‑vous mensuels, fondés sur les apports du Grand Débat National. Les fondamentaux de chaque séance sont les mêmes :

  1. Accord sur les constats partagés, en partant des vécus personnels.
  2. Tour d’horizon des initiatives, dispositifs légaux, et ressources théoriques.

L’ensemble des documents — invitation, ordre du jour, contributions — reste accessible ici :

Apéro Politique du 97 – Santé, solidarité et intégration (8 mai 2025)


Ce qui s’est dit

Des institutions verticales qui contraignent le soin

Certain·es participant·es ayant exercé dans le travail social partagent un constat récurrent : la décentralisation de compétences (vers les collectivités, les ARS…) s’accompagne d’un contrôle étatique persistant. Ce système crée une tension entre les missions légales et l’éthique de terrain, avec un sentiment d’être empêché·e de penser ou d’agir librement. Les dispositifs comme les Groupes d’Entraide Mutuelle illustrent cette tension : on y demande souvent de rentrer les humains dans des cases.

Dans les lieux alternatifs comme Le 97, l’accueil se fait sans condition, hors des logiques de sélection ou d’évaluation. Chacun·e y est appelé·e à contribuer, quelle que soit sa trajectoire.

La solidarité : d’un mot abstrait à une pratique quotidienne

Le mot “solidarité” a été interrogé dans sa profondeur. Certain·es en soulignent la racine : solide, tenir ensemble, faire corps. D’autres évoquent leur transformation personnelle, en passant d’une vision caritative (“donner aux pauvres”) à une expérience vivante de cohabitation, d’interdépendance. La solidarité devient alors un lien qui n’efface pas les différences, mais leur permet de coexister.

Elle implique cependant une forme d’exposition à la souffrance de l’autre, et cela peut être difficile à vivre. La cohabitation avec des parcours plus précaires remue des émotions fortes, entre empathie, gêne, et responsabilité.

Intégration, hospitalité, et ambivalence

Les discussions ont abordé les questions migratoires sous un angle à la fois politique et subjectif. L’idéal d’hospitalité de la France est questionné : les procédures d’asile sont complexes, les conditions d’accueil parfois indignes. Mais l’imposition institutionnelle d’un vivre-ensemble peut aussi générer du rejet. L’expérience d’une rencontre libre, non contrainte, apparaît comme plus féconde : dans un lieu partagé, la personne n’est plus réduite à une origine, mais reconnue dans son unicité.

Le soin comme affaire collective

Certain·es évoquent leur expérience dans les métiers du soin à domicile, marqués par des cadres rigides, des équipes sous pression, et un protocole difficilement adaptable. D’autres s’interrogent sur la figure du médecin détenteur du savoir, qui s'oppose à l’idée que chaque personne peut contribuer à sa santé et à celle des autres.

Le soin est donc envisagé au-delà de la médecine : il est relationnel, collectif, politique. Il s’incarne dans des lieux comme Le 97, où des formes de co-présence et d’auto-organisation permettent de se sentir mieux — même sans soin institutionnalisé.

Le groupe, entre ressource et menace

Les échanges ont mis en lumière un rapport ambivalent au collectif. Pour certain·es, le groupe est une source de puissance, comme dans les communautés open source, où les problèmes émergent et se résolvent collectivement. Pour d’autres, il réveille la peur du dogme, du mimétisme, voire de la violence symbolique. Il est question de contrôle social, de capacité à rester libre dans le collectif, de transmission intergénérationnelle sans domination.

Le danger des dynamiques sectaires est évoqué, de même que l’importance de l’intention qui motive la solidarité : est-elle contrainte ? Stratégique ? Affective ? Politique ? Certaines figures du soin dénoncent l’usage de la solidarité comme outil pour produire des ressources humaines “performantes”, et défendent une vision plus désintéressée, voire existentielle du lien.


Constats partagés

  • La solidarité n’est pas une posture morale : c’est une pratique concrète, sensible, quotidienne.
  • Prendre soin des plus vulnérables, c’est prendre soin du groupe dans son ensemble.
  • Le tiers-lieu permet des rencontres improbables, qui transforment la perception de l’autre.
  • Écouter est une démarche différente de repérer un besoin : elle implique de laisser la parole surgir, sans la capter.
  • Le collectif peut soigner, à condition qu’il ne se transforme pas en norme.
  • Les groupes sont ambivalents : ils peuvent nourrir la pensée, mais aussi la neutraliser.
  • La solidarité intergénérationnelle passe aussi par la transmission des gestes et des savoirs.
  • Il est essentiel de distinguer la personne de sa fonction (professionnelle, sociale, administrative) pour restaurer une forme de lien humain.
  • La mémoire collective peut être instrumentalisée ; elle mérite une élaboration partagée, consciente de ses effets.


Tour d’horizon des initiatives et ressources

Ressources citées


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