Faire société à partir de nos réalités

Retour sur huit séances d’Apéros Politiques au 97 – Et les deux qui viennent

Depuis octobre 2024, un cycle de huit Apéros Politiques a eu lieu au tiers-lieu Le 97, dans le quartier Battant à Besançon. Une rencontre par mois, un jeudi soir, pour parler ensemble de santédémocratieéducationécologieemploifiscalitésécuritépouvoir d’achat… mais surtout, pour se demander :

Comment on vit ? Qu’est-ce qui nous travaille ? Qu’est-ce qui pourrait changer, ici, ensemble ?

Plutôt que de parler à la place des autres, ou de commenter l’actualité nationale, on a choisi une autre méthode :

Chacun parle pour soi, depuis son vécu, ses colères, ses espoirs, ses contradictions.

On cherche des constats partagés. On confronte nos expériences.

Et surtout : on prend au sérieux ce qui se dit, comme base pour penser et agir.

Ni doléances adressées à un pouvoir lointain, ni défiance retranchée : une volonté de faire avec, là où l’on est, avec qui l’on est.

Une chose a traversé toutes les séances :

Ce n’est pas la colère contre les élu·es ou les institutions qui domine.

Ce n’est pas non plus la demande d’être « pris en charge ».

Ce qui ressort, c’est une volonté d’autonomie partagée, et une recherche sincère de coopération.

✦ « Je veux comprendre comment travailler avec les représentants politiques, pas juste voter et subir. »

✦ « On devrait pouvoir faire avec les services publics, pas leur déléguer tout, pas tout faire nous-mêmes non plus. »

Le lien est abîmé, souvent. Le sentiment de ne pas être écouté, ou de ne pas être légitime, est là. Mais personne n’a dit qu’il fallait balancer tout le système. On cherche à reprendre place, pas à prendre la place. À réhabiliter l’action partagée, dans un cadre démocratique vivant.

Une ébauche de ce qu’on a compris en 8 séances

Ce qui traverse ces huit soirées, c’est une conscience aiguë des blocages structurels : une crise de la représentation politique, une fiscalité opaque, des services publics fragilisés, un travail souvent vidé de sens, et un accès brouillé aux systèmes collectifs.

La séance consacrée à la démocratie et à la citoyenneté, a renforcé ces constats, en ajoutant un regard lucide mais constructif sur la responsabilité partagée : le besoin d’inventer de nouveaux rapports entre citoyen·nes, élu·es et institutions, hors de la plainte et hors de la délégation. Beaucoup ont exprimé une perte de confiance dans les cadres partisans et dans le vote tel qu’il est, tout en réaffirmant leur attachement à la démocratie, à condition qu’elle se réinvente. Le vote blanc, la verticalité des décisions, les privilèges des élu·es, sont vus comme des marqueurs d’un système à bout de souffle.

Mais loin de se contenter de la critique, cette séance — comme les précédentes — a fait émerger une volonté de faire avec, et non contre. De comprendre les logiques de l’intérieur, de travailler avec les services, avec les élu·es, à condition qu’ils·elles soient prêt·es à coopérer autrement.

Ce qui revient, c’est un appel à retrouver des moyens d’agir ici et maintenant : dans les tiers-lieux, dans les coopératives, dans les formes collectives d’écriture ou de débat, sans attendre la réforme d’en haut. C’est aussi une demande de clarté : sur les budgets, les mots, les règles, afin de se réapproprier ensemble les conditions de la vie collective.

Et toujours, ce fil rouge : le refus de l’humiliation, le désir de justice, la recherche d’un vivre-ensemble digne, capable d’accueillir la vulnérabilité autant que la différence.

Et toujours, cette même idée : sortir de la logique de demande, sans tomber dans le désengagement. Penser la politique à hauteur d’habitant·es.

Ce qui vient : deux séances pour aller plus loin

Nous avons décidé d’ajouter deux séances complémentaires pour approfondir ce qui a été engagé :

1. Une séance pour faire le point sur les enjeux et les actions

L’idée est de partir des constats partagés et de se demander :

→ Quels sont les enjeux-clés qui reviennent ?

→ Quelles sont les actions pragmatiques, locales, concrètes qu’on peut imaginer pour y répondre ?

→ Comment on peut les construire avec les élu·es et les services, sans tomber dans la doléance, ni dans le tout-faire-soi-même ?

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2. Une séance dédiée à l’écriture et à l’adressage

Parce que la manière dont on dit les choses compte.

Cette séance sera l’occasion d’écrire à plusieurs mains un texte politique adressé. Pas un manifeste fermé. Un texte qui dise ce que nous avons traversé, ce que nous voulons rendre lisible. Et surtout : à qui on parle, et pourquoi.

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Une base, pas une fin

Le cycle n’a pas tout résolu. Il ne prétend pas le faire.

Mais il a permis à plusieurs dizaines de personnes, dans un quartier populaire, de se parler autrement. De reprendre la parole. De faire le lien entre ce qu’on vit et ce qu’on peut faire ensemble. De se reconnaître un pouvoir de parole politique, sans devoir tout maîtriser, ni tout simplifier.

Ce n’est pas un modèle. C’est une base de travail. Et elle est à tout le monde.

Besançon, le 12 juin 2025

État des lieux financier du 97 – au 31 mai 2025
Ça sent bon, mais c’est pas gagné